Vingt-cinq ans déjà que Daniel Coutant, 59 ans, mène son exploitation au rythme du développement des Technologies Marcel Mézy. En Bio depuis 2001, le Gaec des Champs Fleuris à Maulévrier cultive une philosophie basée sur l’autonomie et au moment de passer la main à son fils Maxime et à Pierre, le nouvel associé, l’exploitation déborde de projets. Une harmonie et une intelligence des pratiques culturales qui impressionnent.

Ce jour-là, des techniciens s’affairent afin de remplacer les néons des stabulations par des LEDs et revoir tout le système d’éclairage du Gaec des Champs Fleuris. C’est une affaire de 2 500 euros à économiser sur une facture globale de 7 000 euros d’électricité. Daniel Coutant a toujours pris son exploitation dans sa globalité afin d’en réduire les coûts et tendre vers l’autonomie : « L’autonomie a toujours été mon cheval de bataille. J’avais déjà cela en tête en 1980-82. A un moment j’ai même mis du lupin pour faire de la protéine. Mon père me disait que dans une ferme, on doit trouver tout ce qu’il faut sans aller le chercher à l’extérieur. Ça a toujours été la base de ma philosophie ».

Dans le petit bureau qui jouxte les stabulations, les photos et trophées de la race Montbéliarde ramenés par RTL, Santiana ou Halloween, les stars de l’élevage, sont là pour rappeler aux visiteurs combien le troupeau de 90 Montbéliardes mené par la famille Coutant sur l’exploitation de la Vieillere à Maulévrier dans le Maine-et-Loire, rivalise avec les meilleurs lors des concours du Space, chaque année à Rennes.

Daniel Coutant s’est installé sur l’exploitation familiale le 1er janvier 1984 avec son père et son frère : « Nous étions dans un système très intensif, il fallait produire à fond la caisse avec des rotations très courtes. Ce système ne me convenait pas. En 1993, j’ai failli arrêter ce métier. Si je n’avais pas trouvé une autre voie, j’aurai sûrement décroché. L’agriculture ne m’intéressait plus. Le déclic, ça a été quand, en labourant, j’ai retrouvé des pieds de maïs intacts, comme si on les avait mis au frigo. Il n’y avait eu aucune décomposition. Je me suis dit que là, on touchait le fond. Ça a été la raison de la séparation avec mon frère. J’étais en train de perdre le fil de mon métier».

Dans les années 90, Daniel Coutant essaie de tout repenser de façon rationnelle. Il se repenche sur un  système  basé sur l’herbe, commence à fréquenter une petite coopérative qui organise des « rallyes herbe » avec des plateformes d’essais. Beaucoup lui rient au nez mais il n’en a que faire. Il finit par mettre en place un système de rotations plus longues qui correspond à sa philosophie et multiplie les expériences : « Quand je me suis retrouvé tout seul, j’ai remis en place les systèmes que j’avais connus dans ma jeunesse avec toujours l’autonomie pour fil rouge ».

Certains essais ne marchent pas mais Daniel insiste, persuadé d’aller dans le bon sens : « On venait de passer quinze ans en super intensif et je me rendais compte que nous partions à la dérive. Les terres ne suivaient plus. A l’automne 1993, par l’intermédiaire de membres de la famille installés dans le Gers, j’ai entendu parler de Marcel Mézy. J’ai tout de suite accroché à sa démarche. C’était simple d’utilisation, ça s’appliquait à toutes les cultures. Du sol jusqu’à l’animal, tout était pris en compte et en plus on travaillait avec du vivant. La terre retrouvait toute sa noblesse. Il fallait vraiment être convaincu à l’époque mais je savais qu’il en allait de mon avenir dans le monde agricole ».

« Il y a toujours autant de sincérité dans les propos de Marcel Mézy »

Daniel Coutant repense souvent à son père qui lui disait qu’il fallait revenir aux fondamentaux. En cinq ans, de 1993 à 1998, il réorganise toute l’exploitation, diminue les intrants chimiques avant de les arrêter complètement. Les microorganismes des technologies Marcel Mézy prennent la place des scories, engrais complets, phosphates ou chaux, une nouvelle aventure est en marche. Lorsqu’il entame sa conversion Bio en 1998, Daniel Coutant est en vitesse de croisière. Il a déjà vu l’évolution des fumiers et lisiers, a pu observer l’effet sur les prairies et les cultures : « Marcel Mézy parle souvent d’équilibre. Il faut en effet être toujours en quête de cet équilibre au niveau des cultures, des fourrages, des rations. Après, tout cela se retrouve au niveau du troupeau et du lait qu’on produit. Un agriculteur est fait pour produire de sa terre et on y arrive. Je suis un anti-soja et je sais que c’est possible».

Fidèle aux Technologies Marcel Mézy depuis plus de vingt-cinq ans, Daniel Coutant a appris à connaître l’inventeur du procédé : « Ce que j’ai ressenti la première fois en rencontrant Marcel Mézy, je le ressens encore aujourd’hui, 25 ans après. Il y a toujours autant de sincérité dans ses propos. Les grandes découvertes se sont toujours faites un peu par hasard. Il y a des gens qui ont le don pour mettre le doigt sur des choses qui vont entraîner de véritables révolutions. Marcel Mézy en fait partie. Sa démarche m’a tout de suite semblé logique. C’est ce que je recherchais sans le savoir. Quand je l’ai rencontré c’était une évidence, sans pouvoir vraiment l’expliquer. Je ne sais pas pourquoi j’y suis allé à fond. C’était intuitif. Il est ouvert sur le monde et continue d’évoluer avec beaucoup d’humilité. Cette humilité est une de ses forces ».

Daniel en est persuadé, l’ouverture d’un laboratoire de recherche au sein de Mezagri, est une étape importante : « Ce laboratoire a été créé au bon moment. C’est une sorte de couronnement de toutes les recherches de Marcel. On entre là dans une autre dimension où on peut se confronter scientifiquement aux autres. Ça donne énormément de poids à tout ce qui a été fait depuis trente ans ».

« Ils seront deux jeunes à faire la route ensemble »

Aujourd’hui, les 100 hectares d’herbe et les 50 hectares de cultures, le tout en Bio, permettent au Gaec des Champs Fleuris de pousser encore plus loin cette autonomie qui est si chère à la famille Coutant tout en ayant une vraie exigence sur la qualité. Daniel en plaisante : « Ce qui chiffonne les gens c’est qu’après vingt ans en Bio, nous sommes toujours à 6 900 litres de lait quand la moyenne en Montbéliardes est de 6 200 litres… ».

Le 1er avril 2019, l’exploitation du Maine-et-Loire va franchir un nouveau palier. A l’heure où Daniel commence à penser à la retraite, son fils Maxime, 35 ans, va s’associer officiellement avec Pierre, 29 ans. Comme le dit joliment Daniel : « Au printemps prochain, ils seront deux jeunes à faire la route ensemble ».
On ne sent aucune appréhension chez Daniel, au contraire on voit poindre la fierté d’une transmission qui s’annonce bien : « Ça fait déjà treize ans que Maxime travaille avec moi et on va continuer avec la même vision de l’agriculture. C’est un grand soulagement de voir qu’on partage les mêmes idées directrices. Et puis il y a Pierre que je sens très réceptif. C’est un œil neuf, un regard critique et c’est important. Ça empêche de se laisser aller à une trop grande routine».

Chez les Coutant, ils sont quatre frères. Manu est dans la mécanique agricole, Jérémy est paysagiste et Stéphane boulanger-pâtissier reconverti en fromager dans une laiterie, « tous très sensibilisés aux problèmes d’environnement », précise Daniel. Maxime, lui, a décidé à 14 ans de rejoindre un jour son père sur l’exploitation : « J’ai fait un BEPA, un Bac Pro et un BTS. A l’école, quand j’avais 17 ans et qu’on venait de passer en Bio, on nous traitait de marginaux. Il y avait ces profs qui me disaient qu’on ne ferait jamais de lait sans ensilage. Aujourd’hui ça me fait rire. Je n’ai pas souffert de cette mise à l’index car je me défendais. Je n’ai jamais vu de matériel pour traiter à la ferme. D’ailleurs si on me disait de mettre un produit Bio avec un pulvérisateur ça me ferait de la peine. Cet appareil est tellement le symbole de toute une dérive… ».

Pour l’avenir immédiat, ce ne sont pas les projets qui manquent. Avec Pierre et bien sûr Daniel, Maxime va se pencher de très près sur l’installation d’un robot de traite et le fonctionnement optimisé du pâturage tournant dynamique réparti en plusieurs dizaines de paddocks où les Montbéliardes tourneront à intervalles réguliers afin de ne pas mettre en péril la pousse de l’herbe.

Daniel Coutant pourra alors sûrement se libérer plus de temps pour accompagner l’Association Pour la Santé de la Terre et du Vivant dans son développement : « C’est important que ce soit les agriculteurs qui communiquent avec les consommateurs. Ça n’a que plus de poids. C’est un trait d’union avec les Technologies Marcel Mézy et cette prise en main de l’initiative par le monde agricole en dehors de toute structure commerciale est importante. On a vu le monde qu’il y a eu aux diverses réunions et c’est encourageant pour la suite.

Le consommateur a pris conscience du rôle qu’il peut être amené à jouer pour faire évoluer les choses. C’est lui qui a mis en avant le concept de la malbouffe, c’est lui qui décide quoi acheter et le fait savoir. Dans les années qui viennent le rôle d’associations comme l’Association pour la Santé de la Terre et du Vivant va être de plus en plus essentiel ».

Au Gaec des Champs Fleuris, l’autonomie voulue par tous a généré une sérénité intergénérationnelle palpable et comme le dit Maxime : « Ça fait treize ans que je travaille avec papa et on n’a jamais été aussi bien ».

PATRICK LE ROUX

Retrouvez  également l’interview de Daniel Coutant pour le site Web-Agri réalisée en 2016 :

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