Près de 800 personnes ont pris part à la conférence à l’Amphithéâtre de Rodez. Une mobilisation qui fera date dans la toute jeune histoire de l’Association Pour la Santé de la Terre et du Vivant.

La conférence sur le thème « Du sol à l’assiette » organisée par l’Association Pour la Santé de la Terre et du Vivant, jeudi dernier à l’Amphithéâtre de Rodez a connu un succès au-delà des attentes. Ce sont effectivement près de 800 personnes qui se sont déplacées pour ce deuxième grand rendez-vous organisé par l’association que préside Mathieu Causse, éleveur à Bozouls, et qui a adopté il y a plusieurs décennies déjà, les technologies mises au point par Marcel Mézy.

« Que ton alimentation soit ta première médecine », c’est par cette phrase d’Hippocrate, au Ve siècle avant J.C, qu’a démarré la soirée avec un film d’introduction très pédagogique sur l’importance d’une bonne alimentation qui passe en amont par le respect des sols, la bonne santé des animaux et des plantes et donc la condamnation des intrants chimiques avec un focus tout particulier sur les pesticides. Si plusieurs maladies dont la maladie de Parkinson sont maintenant reconnues maladies professionnelles dans le monde agricole, le combat contre les abus d’intrants chimiques, de pesticides et autres produits phytosanitaires est plus que jamais d’actualité.

« Une autonomie intellectuelle retrouvée ». Marcel Mézy

Xavier Gamel, professionnel du monde de la Santé et animateur de la soirée, passait ensuite la parole à Marcel Mézy, qui se fit un plaisir de raconter par le détail comment il y a maintenant quarante ans, il a mis au point ce concept capable de créer rapidement de l’humus dans tous les types de sols.

Persuadé depuis toujours qu’il est possible de faire une agriculture propre, de qualité et à hauts rendements, Marcel Mézy a tenu à rappeler que l’entreprise dont il est le porte-drapeau avait été invitée à la Cop21 à Paris, la Cop22 à Marrakech et le sera l’an prochain à Bonn. Et Mezagri qui exploite les Technologies Marcel Mézy reste la seule entreprise invitée à ce jour à ces conférences mondiales dans le cadre du 4 pour 1000, programme de recherches international sur la séquestration du carbone dans les sols.

Après avoir évoqué le laboratoire de recherches qui vient d’être créé au sein de Mezagri pour valider toutes ces recherches, Marcel Mézy tint à insister en guise de conclusion sur l’importance de cette autonomie intellectuelle qu’ont retrouvé les milliers d’agriculteurs –ils sont plus de 10 000 aujourd’hui- qui ont adopté ses technologies.

Ce fut ensuite au tour de Claude Aubert, ingénieur agronome, pionnier de l’agriculture Bio en France, fondateur de la maison d’édition « Terre vivante » de prendre la parole. Auteur de nombreux ouvrages sur l’agriculture Bio et l’alimentation, il a axé son intervention sur le thème « La vie du sol clé d’une agriculture durable ». Après avoir évoqué la dégradation des sols, « grande menace avec le réchauffement climatique », il s’est attardé sur la formation du sol, « de la roche mère à un sol fertile, un très long processus ».

Claude Aubert a rappelé que « la matière organique stockée dans le sol ne peut servir de nourriture pour les plantes qu’après avoir été transformée par les êtres vivants du sol, des vers de terre aux bactéries ». Après avoir regretté qu’il « ait fallu 75 ans pour prendre conscience des dégâts de l’azote de synthèse », il a, en guise de conclusion, évoqué les solutions pour une agriculture durable et la priorité absolue à la fertilisation organique. Rotation des cultures avec des légumineuses, non labour, limitation du travail d’un sol couvert en permanence, mise en place d’engrais verts et apports éventuels d’écosystèmes microbiens, Claude Aubert a insisté sur les solutions somme toute simples qui existent pour augmenter le stockage du carbone et gagner le pari du 4 pour 1000, initiative qui propose d’améliorer la teneur en matières organiques des sols et d’encourager la séquestration du carbone dans le sol.

« Il faut se prendre en charge ! » Laurent Chevallier

Laurence Michelutti, chirurgienne à la retraite, présidente du comité de dépistage des cancers de l’Aveyron et de l’Association Croq la Vie, est ensuite intervenue pour parler des risques de cancer liés aux pesticides, rappelant que la France est une grande utilisatrice de fongicides et herbicides. Après avoir évoqué les voies de contamination insistant notamment sur les dangers encourus par les femmes enceintes, Laurence Michelutti énuméra ensuite les différents types de cancers dont les cas sont en nette augmentation en présence de pesticides. Mélanomes, cancers de la prostate, augmentation significative du risque de myélome, cancer qui prend naissance dans la moëlle, de tumeurs cérébrales et de leucémie chez les enfants en bas âge, la liste fait froid dans le dos.

Après avoir parlé des perturbateurs endocriniens, Laurence Michelutti a évoqué  les chantiers mis en place au niveau national comme ce site gouvernemental d’information sur les perturbateurs endocriniens où sont listés des produits pesticides autorisés susceptibles de contenir des perturbateurs endocriniens.

Dernier intervenant, Laurent Chevallier, praticien attaché au CHU de Montpellier spécialisé dans la nutrition et auteurs de nombreux ouvrages à succès dont « Alors, on mange quoi ? » a d’abord voulu rendre hommage à Marcel Mézy qui, pour lui, est « un visionnaire ». Après avoir remercié les élus locaux* qui sont souvent des soutiens et des relais importants, Laurent Chevallier a fustigé les mensonges au niveau national que ce soit lors du scandale des œufs contaminés au Fipronil, un insecticide interdit ou du débat sur le glyphosate.

Laurent Chevallier le dit haut et fort : « Il faut se prendre en charge! ». Le Q.I des enfants qui baisse à cause de certaines substances identifiées dont un pesticide, l’obésité infantile qui a augmenté de 300% en 15 ans, la stérilité et l’infertilité qui ont été multipliés par deux en quelques années, le diabète qui a augmenté de 40%, « il faut agir vite » prévient le nutritionniste montpelliérain.

L’appauvrissement général de la concentration en minéraux dans les organismes, l’augmentation de la consommation de plats préparés, beaucoup de voyants sont aujourd’hui dans le rouge et pour Laurent Chevallier, de nombreuses mesures ne sont pas prises  notamment dans le cadre du PNNS, le Plan National Nutrition Santé. 

Lui aussi en est persuadé, il est grand temps d’actionner tous les leviers mis à disposition pour aller vers une agriculture et une alimentation durables.

Malheureusement, Laurent Chevallier ne semble guère optimiste quant aux résultats des Etats Généraux de l’Alimentation annoncé en juin dernier par Emmanuel Macron et qui sont actuellement dans leur dernière ligne droite.

Après quelques échanges avec le public, c’est autour d’un verre et d’un morceau de fouace que s’est achevée cette soirée particulièrement réussie.

Le président de l’Association Pour la Santé de la Terre et du Vivant, Mathieu Causse peut être particulièrement satisfait.  

Comme il l’appelait de ses vœux dans son discours de bienvenue, les consommateurs ont répondu par une incroyable mobilisation à « cette main tendue du monde agricole ».

Aux consommateurs maintenant de montrer leur engagement en adhérant en nombre à l’Association pour la Santé de la Terre et du Vivant. 

*étaient présents : Mr Stéphane Mazars, député de l’Aveyron et conseiller départemental ; Mr Jean-Luc Calmelly, conseiller départemental et maire de Bozouls ; Mr Gilbert Antoine, adjoint au maire de Rodez ; Mr Bernard Scheuer, maire de Saint-Côme d’Olt ; Mr René Pagès, maire de Taussac.

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