Troubles de la reproduction
La vinclozoline (fongicide) utilisée en viticulture et culture maraîchère jusqu’en 2007 en France a montré des effets anti-androgéniques entraînant une dégradation de la spermatogénèse des rats avec des effets transgénérationnels. Le glyphosate (constituant du Roundup) montre aussi un potentiel anti-androgénique démontré sur les rats.
De nombreuses publications soulignent aussi la dégradation de la spermatogénèse en France depuis la seconde guerre mondiale. L’Occitanie semble particulièrement touchée, particulièrement en zone viticole (3)(4).
Plusieurs études ont mis en évidence des problèmes d’infertilité et des cancers de la prostate chez les agriculteurs manipulant des pesticides. Un lien a été démontré avec le DBCP (Nemagon) interdit depuis 1980 (2).
Des cas d’hypospadias (malformation de la verge) ont été observés chez les garçons, issus de parents agriculteurs (2). 30% des hypospadias en Languedoc Roussillon sont des enfants d’agriculteurs (5, 6).
Des pubertés précoces ont également été observées plus souvent chez les fillettes d’agriculteurs : 21 cas en 1995 et 110 cas en 2015 au CHUR de Montpellier (7). Cette équipe de médecins cliniciens rapporte un cas où une vingtaine de tonnes de pesticides était stockée sur l’exploitation.
Parkinson et maladies du système nerveux central
En Midi-Pyrénées, les agriculteurs représentent 20% des Affections de Longues Durées (ALD) en maladie de Parkinson alors qu’ils ne représentent que 8% de la population régionale (2). Confirmation aussi d’un lien fort entre les troubles cognitifs du type Alzheimer et apparenté, avec l’usage des pesticides (8). Ce lien est aujourd’hui bien documenté entrant depuis presqu’une dizaine d’années dans la liste des maladies professionnelles (MP), tableau n°58 du régime agricole (9). 33 maladies professionnelles ont été reconnues en 2017.
Voies respiratoires (asthme, BPCO…)
La fréquence de l’asthme allergique et BPCO (Broncho Pneumopathie Chronique Obstructive) est 2 fois plus importante chez les agriculteurs que dans la population générale (2). Une forte présomption est reliée avec les pesticides (8). La qualité de l’air sur les exploitations est également à prendre en compte : particules fines, engrais, composés organiques volatils de fermentation, ammoniac, oxyde d’azote…(10).
Cancers
Cerveau
Risque accru (11) : Ex : glioblastome, gliome…
Leucémies, cancers du sang et système lymphatique)
Le myélome multiple chez les hommes est l’un de cancers les plus fréquents en population agricole chez les hommes qu’en population générale selon l’étude cohorte AGRICAN 2014 (1). On note également un risque accru de certains cancers du sang tels que le lymphome non hodgkinien (LNH) (11) auquel le glyphosate pourrait être associé dans certains cas (8). Certaines molécules peuvent être clairement mises en cause grâce à la sensibilité des techniques d’analyses actuelles (présence de biomarqueurs) (8). Le lien entre exposition aux pesticides et hémopathies malignes (lymphome malin non hodgkinien, leucémie lymphoïde chronique, myélome multiple) est reconnu par le tableau N°59 des maladies professionnelles du régime agricole. Il existe aussi des liens entre l’exposition des mères durant la grossesse et l’observation de leucémies et cancers du système nerveux central chez l’enfant.
Peau
Lors du suivi de l’étude AGRICAN, le mélanome de la peau, était l’un des cancers les plus fréquents en population agricole qu’en population générale, notamment chez les femmes (11).
Poumons
Les cancers broncho-pulmonaires sont moins fréquents en milieu agricole qu’en population générale même à âge et tabagisme identique selon AGRICAN. Mais le risque semble être accru parmi certains agriculteurs (culture du pois fourragers) et pour ceux exposés aux traitements insecticides sur bovins (11).
Prostate
Il existe une présomption forte entre ce cancer le plus fréquent en France chez les hommes (28 % des cas), avec l’usage des pesticides (8). Risque accru d’une manière générale et particulièrement chez les applicateurs de pesticides sur bovins, tabac et arboriculture (11).
L’Agence Nationale de Sécurité Sanitaire de l’Alimentation, de l’Environnement et du Travail (ANSES) dans son avis de Mars 2021 (12) conclut à un excès de risques de cancer de la prostate chez les travailleurs exposés aux pesticides de façon directe ou indirecte (articles, surfaces ou animaux traités). L’ANSES appuie donc sur la création d’un nouveau tableau de maladies professionnelles pour le cancer de la prostate associé aux pesticides dans les régimes agricole et général.
Sein
Les femmes dont les mères ont été exposées jeunes au DDT dans les années 50 présentent 4 fois plus de risques de cancer du sein (Etude de Barbara Cohn, rapport INSERM (8)). Le DDT est interdit depuis le début des années 70 mais il perdure encore aux côtés de son métabolite DDE dans l’environnement. On reconnait manquer d’observations plus récentes sur les effets transgénérationnels des autres organochlorés sur le cancer du sein, mais un lien est possible avec une exposition prénatale en raison des mécanismes d’action de ces molécules (8). Le cancer du sein peut aussi toucher les hommes.
Testicules
Ce cancer semble souvent en lien avec l’hypospadias (Pr Françoise Paris-INSERM) (13).