Le Gouvernement a sifflé le coup d’envoi des Etats généraux de l’alimentation, jeudi à Paris. Promesse de campagne du président Macron, la séquence a pour objectif de permettre aux agriculteurs de vivre dignement de leur travail par le paiement de « prix justes ».
Nous garantirons des prix justes pour que les agriculteurs puissent vivre de leur travail », avait annoncé Emmanuel Macron dans son programme présidentiel. Pour parvenir à cet objectif, le candidat annonçait la mise en place d’ Etats généraux de l’alimentation avec tous les acteurs du secteur « afin de définir un partage équilibré de la valeur ». Le Gouvernement tient donc cette promesse avec le lancement de ces Etats généraux, jeudi 20 juillet.
Quel est l’objectif de ces Etats généraux ?
Les Etats généraux vont tenter de répondre à un double impératif : permettre aux agriculteurs de vivre dignement de leur travail grâce à la mise en place de « prix justes » et trouver un modèle de production agricole qui s’adapte aux attentes des consommateurs. La réalisation de ces objectifs ambitieux passe d’abord par un compromis entre producteurs, grande distribution et consommateurs. De nombreuses tentatives, y compris législatives, ont échoué par le passé pour régler la question du « partage de la valeur ».
Les associations environnementales ou de consommateurs vont tenter de faire entendre leurs préoccupations concernant une alimentation saine et durable. De leur côté, les agriculteurs sont focalisés sur la question des prix de leurs produits, vitale pour eux. Un agriculteur sur deux aurait gagné moins de 354 euros par mois en 2016, contre 30% en 2015, selon une enquête de la Mutuelle Sociale Agricole (MSA). Statistique encore plus inquiétante, le nombre de suicides d’agriculteurs français aurait été multiplié par trois en 2016, toujours selon la MSA.
Comment vont se dérouler les discussions ?
Les concertations, qui débutent jeudi à Paris, doivent se tenir jusqu’à la mi-novembre. Toutes les propositions des différents acteurs seront discutées lors d’ateliers spécifiques. En parallèle, un atelier transversal va devoir de son côté déterminer quels investissements seront nécessaires pour une meilleure performance environnementale, sanitaire, sociale et économique. Le principal objectif reste la répartition délicate des cinq milliards d’euros du plan de modernisation de l’agriculture promis durant la campagne d’Emmanuel Macron.
Le grand public est invité à donner son avis via une consultation publique qui ouvre jeudi sur internet (egalimentation.gouv.fr). Enfin, une synthèse des ateliers et de la consultation devrait être publiée à la mi-décembre, selon les promesses du ministère de l’Agriculture. Ce dernier ne s’interdit pas un recours à la loi à l’issue de ces discussions, indique l’entourage du ministre de l’Agriculture au Parisien : « Nous n’avons pas de fétichisme de la loi. Mais si c’est utile, nous ferons une loi. On ne s’interdit a priori aucun levier pour agir. »
Qui participe à cette consultation ?
Les réflexions des mois à venir vont réunir plusieurs centaines d’intervenants pour tenter de réconcilier d’ici à la fin de l’année, agriculture, économie, santé et environnement. Autour de la table, le Gouvernement a convoqué tous les acteurs du secteur. Le Premier ministre, Edouard Philippe, doit lancer les débats jeudi, mais le président de la République, qui devait conclure cette première journée, a finalement renoncé. Il doit être remplacé par le ministre de l’Agriculture et l’Alimentation, Stéphane Travert.
Chaque secteur va chercher à défendre ses intérêts lors des discussions à venir. Pour Michel-Edouard Leclerc, président du groupement de supermarchés E. Leclerc et partisan des prix bas, ces états généraux sont l’opportunité de « faire opération de transparence ». Christiane Lambert, présidente de la FNSEA, principal syndicat agricole propose, de son côté un « double pacte économique et sociétal » aux consommateurs : « Quelques centimes de plus pour rentabiliser et moderniser les exploitations et mieux répondre aux attentes qualitatives. »
Une demande sociétale d’alimentation de qualité, en bio notamment, n’est pas couverte par nos paysans.
Nicolas Hulot
De son côté, le ministre de la Transition écologique, Nicolas Hulot, estime que « le contexte est favorable pour faire tomber les postures » et il « devrait nous permettre de concilier les points de vue ». Une quarantaine d’ONG ont cependant souligné dans un communiqué que des « priorités essentielles manquent pour l’instant à l’appel », dont une troisième phase de négociations politiques pour acter et arbitrer les désaccords, mais aussi une meilleure mobilisation citoyenne.
Article repris de Franceinfo : publié le