La biodynamie, chacun de nous en a déjà entendu parlé au moins une fois pour s’entendre dire que c’est une agriculture très particulière. Petit tour d’horizon de ces techniques différentes utilisées par des agriculteurs engagés durablement vers un mode de production différent et alternatif.

Tout a commencé en 1924, lorsque Rudolf Steiner, créateur du mouvement anthroposophique, donna huit conférences pour ses amis agriculteurs déjà inquiets, à l’époque, de la baisse de la qualité des aliments et des semences. 

Bien sûr, il n’était pas encore question d’empoisonnements massifs des légumes et des populations par les insecticides et les pesticides.

Mais la terre se portait malgré tout de moins en moins bien, et les plantes s’affaiblissaient au point d’être de plus en plus fréquemment malades.

Sans parler du bétail régulièrement décimé par la fièvre aphteuse. 

Imprimé en 1925 à l’usage d’un cercle très fermé d’agriculteurs « initiés », ce cours fut un peu plus tard diffusé publiquement sous le titre de « fertilisation biologique » puis, en 1930, « d’agriculture biodynamique ». 

Ce que disait Steiner lui-même de l’agriculture à laquelle il venait de donner naissance résume on ne peut mieux la philosophie à la base de cette méthode et, par la même occasion, fait froid dans le dos quand on pense que ces paroles ont été prononcées il y a près de 90 ans :

« L’agriculture biodynamique est une agriculture assurant la santé du sol et des plantes pour procurer une alimentation saine aux animaux et aux Hommes.

Elle se base sur une profonde compréhension des lois du vivant acquise par une vision qualitative et globale de la nature.

Elle considère que la nature est actuellement tellement dégradée qu’elle n’est plus capable de se guérir elle-même et qu’il est nécessaire de redonner au sol sa vitalité féconde indispensable à la santé des plantes, des animaux et des hommes grâce à des procédés thérapeutiques ».

Steiner

Il va sans dire que cette « agriculture thérapeutique » se répandit avant tout en Allemagne, malgré l’obstruction des Nazis qui étaient les ennemis jurés des Anthroposophes, et secondairement en Suisse, où le mouvement se réfugiera un peu plus tard, mais aussi en Hollande, en Pologne, en Amérique, en Finlande et même en Nouvelle Zélande. 

Aujourd’hui, vous vous en doutez, la biodynamie est connue un peu partout dans le monde, y compris en France où notre cartésianisme national lui a pourtant plus longtemps barré la route que ne l’a fait le Nazisme en Allemagne. 

Beaucoup d’agriculteurs y ont également apporté des améliorations, souvent en fonction du climat des différentes régions qu’ils habitaient.

Si bien qu’elle est devenue une agriculture à part entière, pourvue de différentes écoles, et non plus une simple méthode parmi tant d’autres dans la galaxie de la bio. 

Une agriculture de la terre… et du ciel

Du point de vue du paysan biodynamique, la ferme doit être conçue comme un organisme agricole le plus autonome possible quant aux ressources, mais entretenant au contraire les relations humaines les plus ouvertes avec les consommateurs et les commerçants. 

Il faut toutefois savoir que cette relation d’ordre social se prolonge par la croyance en la nécessité d’un rapport, beaucoup plus large, au cosmos, c’est-à-dire à la lune, au soleil et aux planètes. 

Car si la biodynamie, comme n’importe quelle autre forme d’agrobio, s’attache en priorité à optimiser le fonctionnement biologique des sols et des plantes, elle s’en distingue encore plus radicalement par l’application de principes ésotériques et astrologiques, tels que l’influence de la lune et des planètes sur les cultures, ou la capture des énergies cosmo-telluriques dans des cornes de bovins enterrées dans le sol. 

Pour être plus précis, c’est en réalité au zodiaque astronomique – et non astrologique – que la méthode de Steiner fait référence, allant y puiser toutes les informations nécessaires pour décider des périodes favorables aux semis et autres activités de jardinage.

L’idée générale restant, de toute manière, de travailler en rythme avec le cosmos. 

C’est tout d’abord et avant tout du rythme sidéral dont vont dépendre les dates des semailles et de l’entretien des légumes. 

Ceux-ci étant classés par catégories (racines, feuilles, fleurs et graines), à chaque catégorie correspond une date idéale, d’ailleurs indiquée dans un calendrier annuel publié par les Anthroposophes. 

Bien d’autres rythmes cosmiques sont encore pris en considération par le biodynamiste : le rythme synodique concernant les phases de lune croissante et décroissante ; le rythme tropique lunaire concernant les phases de lune ascendante et descendante ; le rythme anomalistique concernant l’apogée et le périgée de la lune ; le rythme draconitique concernant les nœuds lunaires… 

Alors, certes, selon les différentes écoles de biodynamie, l’un ou l’autre de ces rythmes prendra plus d’importance ; mais dans l’ensemble le simple jardinier se contentera de retenir que ce sont des rythmes de l’univers que dépendent le travail du sol, les plantations, les semis, les récoltes et surtout, bien sûr, l’emploi des préparats. 

Les préparats

Ces préparations, élaborées dans des cornes de ruminants enterrées, sont spécifiques à l’agriculture biodynamique.

Globalement, elles régénèrent et stimulent des fonctions organiques du sol, mais chacune d’entre elles a naturellement une mission bien précise. 

La plus connue est la bouse de corne.

Pourquoi ce nom ?

Parce qu’elle provient de bouse de vache enterrée durant l’hiver dans une corne.

Cette bouse concentrée, on l’imagine aisément, est un puissant stimulant de la vie microbienne du sol, mais elle a de nombreuses autres vertus puisqu’elle favorise la croissance des légumes racines, régule le pH, accélère la germination et diminue les besoins en eau. 

L’autre grand préparat est la silice de corne.

Autant la bouse de corne aidait la racine à s’enfoncer dans le sol, autant la silice de corne facilite l’élévation des tiges et des feuilles.

Autrement dit, ce préparat accroît la pression de la sève, améliore la photosynthèse, ce qui ne l’empêche pas, par ailleurs, de renforcer la santé de la plante ainsi que ses qualités nutritives et gustatives. 

Il existe, enfin, un certain nombre d’autres préparats, généralement destinés au compost dont ils réduisent les montées en température et favorisent la conservation des phosphates et des nitrates. 

Une nouvelle jeunesse

Face à la dégénérescence croissante de la terre, constatée depuis environ un siècle par l’ensemble des acteurs de l’agriculture, et qui prend de nos jours des proportions plus qu’inquiétantes, la biodynamie de Steiner et de ses élèves nous propose un programme de régénération drastique des sols. 

Une des solutions qui s’offrent à nous pour mettre un terme à ce désastreux état de fait réside très probablement dans la biodynamie puisque, non contente de ne pas détruire un peu plus la terre, elle lui injecte au contraire un nouveau dynamisme, une nouvelle jeunesse. 

La biodynamie est aujourd’hui régie par un label qui s’apelle DEMETER. Retrouvez les caractéristiques de ce Label dans notre article consacré au différents label BIO.

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