La viande de synthèse
Depuis quelques années, on commence à entendre parler d’un produit nommé par ses concepteurs « viande de synthèse » élaborée en laboratoire à partir des dernières innovations biotechnologiques pour remplacer les viandes d’origine animale. Ces produits utilisant des cellules animales sous le nom de « viande in vitro » ou « viande de synthèse », ne proviennent pas de muscles issus de carcasses d’animaux nés, élevés et abattus de façon traditionnelle. Ils ne devraient pas être commercialisés et vendus sous le vocable de « viande », pour les raisons suivantes si l’on considère que les mots ont un sens : 1) la « viande de culture » fait partie de la catégorie des « nouveaux aliments » ou « novel foods » dans la réglementation européenne (et non pas de la catégorie des viandes) ; 2) le procédé culture de cellules conduit à la formation de fibres musculaires ou de muscle sans inclure l’étape de maturation conduisant à la transformation du muscle en viande (il y autant de différence entre du jus de raison et du vin qu’entre du muscle et de la viande) et 3) il n’y a nécessité de ne pas tromper le consommateur sur la nature du produit…
La consommation de viande est l’un des grands enjeux du XXIe siècle, à la convergence de questions sociales, environnementales, économiques, culturelles, éthiques et religieuses.
Alors que cette nouvelle biotechnologie appelée « viande cellulaire » destinée à un marché haut de gamme, selon ses promoteurs, est déjà autorisée à Singapour depuis 2020 et qu’une usine s’est implantée au Qatar, la France représente un marché très important probablement aussi pour les chaînes de restauration rapide internationales. Ces marques jouissent d’un développement soutenu depuis leur arrivée sur le territoire national. Certains fast-foods et leurs franchises envisagent déjà de commercialiser ces produits conçus à base de cellules souches, dès que ce sera rentable économiquement. On désigne actuellement cette « pseudo viande », « viande de synthèse », « viande in vitro », « viande cellulaire », « viande artificielle »… N’est-ce pas une tromperie vis-à-vis du consommateur ?
Face à cette dénomination « viande » qui provoque de grands débats au sein de la communauté scientifique, des agriculteurs, éleveurs et des consommateurs, nous en appelons à votre qualité de parlementaire pour ne pas inscrire le terme « viande » dans la loi concernant cette culture de cellules en laboratoire.
CONCLUSION
A l’heure actuelle, les informations communiquées dans les publications scientifiques sont encore très discrètes et incomplètes quant aux intérêts réels sur le plan écologique (économie d’énergie, réduction des GES, bilan carbone par kg de viande …) puisqu’il n’existe que des installations de bioréacteurs au stade pilote en Europe, à notre connaissance. Aucune information pertinente n’est avancée sur la composition et les intérêts nutritionnels pour la population de ces produits de synthèse. Pour l’ensemble de ces raisons et dans un souci de transparence, nous en appelons à votre qualité de parlementaire pour que notre pays n’autorise pas le terme « viande » pour tous les produits issus de laboratoires, et sont susceptibles d’induire en erreur le consommateur.
Nous sommes persuadés que nous pouvons répondre aux défis du XXI siècle avec les élevages paysans, plus durables, intensifs en emplois, et garants du bien-être animal tout en repensant nos modes de consommation (réduction du gaspillage alimentaire et meilleur équilibre protéines végétales/protéines animales impliquant une diminution de notre consommation de viande.
POUR ALLER PLUS LOINS
Vous trouverez ci dessous la vidéo du colloque sur « viande cellulaire » organisé par l’Académie d’Agriculture de France et l’Association Française de Zootechnie en partenariat avec l’Académie Vétérinaire de France et la Société Française de Nutrition.