La ferme Batisse à Vitrac (Puy de Dôme), c’est une saga familiale comme les aime l’Association pour la Santé de la Terre et du Vivant. Autonomie, volonté d’entreprendre, bien-être animal, abandon des intrants chimiques, Lionel, Loïc et Christiane, leur maman, ont tout compris.

Quand ce jour-là, Lionel Batisse monte sur le plateau de son pick-up pour présenter son exploitation aux visiteurs présents, on sent toute la fierté d’un homme bien dans ses bottes, fier de parler de ce qu’il entreprend depuis des années au Gaec des Mas, à Vitrac dans le Puy de Dôme. Au premier rang dans l’assistance, sa mère Christiane et son frère Loïc avec qui il est en Gaec, sourient, émus de voir autant de monde s’intéresser à leur aventure. Marcel Mézy ainsi que Patrick et Raymond Fabre et  Christophe Mézy, les co-gérants de la Sobac, ont aussi fait le déplacement pour cette assemblée générale de l’Association pour la Santé de la Terre et du Vivant, à quelques kilomètres d’ici, à Manzat. Et c’est tout naturellement que le président de l’APSTV, Mathieu Causse et Mathilde Scheuer, l’animatrice, ont choisi de faire visiter la ferme Batisse, exploitation Bio qui incarne à elle seule à peu près tous les objectifs de l’Association.

Lionel reprend l’histoire à son début, à ses vacances en Bretagne en 2009, quand il se rend chez Christine Lancien, adepte historique des technologies Marcel Mézy : « Je suis arrivé chez Christine au moment où elle ensemençait son lisier. Elle a su m’en parler avec passion et j’ai été conquis. Nous cherchions avant tout à valoriser nos fumiers et nos lisiers. C’était un souci environnemental et économique. En plus, nous sortions d’une période où nous avions utilisé beaucoup d’engrais, beaucoup de produits phyto, d’aliments. Nous étions dans une sorte de fuite en avant et nous ne gérions plus grand chose. Nous avions des coûts de revient énormes et on ne maîtrisait pas les prix de vente. On n’en pouvait plus du système classique. Les techniciens venaient chez nous, nous ne décidions plus de rien.

Ce sont les technologies Marcel Mézy qui nous ont permis de sortir de cette spirale infernale. Ça a été un soulagement énorme d’avoir le sentiment de reprendre la main sur la ferme. Et petit à petit, nous sommes venus très naturellement au Bio. Nous produisons autant avec une qualité largement supérieure».

Une harmonisation à tous les niveaux

En neuf ans, tant de choses ont changé sur l’exploitation de 190 hectares où les 80 vaches laitières Prim’Holstein produisent entre 5 et 600 000 litres de lait. Après quelques essais sur des petites parcelles, ce sont aujourd’hui 40 hectares  qui sont en méteil, moitié fourrage, moitié grain avec des taux de protéines très élevés. Tout le reste de l’exploitation est en herbe et produit des fourrages de qualité qui ont une incidence directe sur la santé animale et la qualité du lait. Lionel n’a de cesse de faire évoluer ses méteils, conscient de la plus-value générée par cette exigence qualitative.

L’autonomie reste le maître-mot au Gaec des Mas. Les stabulations se sont couvertes de panneaux photovoltaïques qui, ce jour-là d’ailleurs, avaient droit à leur nettoyage annuel. Un forage à 73 mètres vient également d’être fait sur l’exploitation et comme le dit en plaisantant Lionel : « On est autonome en énergie, en fourrages et maintenant on va même l’être au niveau de l’eau… !!! ».

La santé animale est aussi une préoccupation essentielle sur la ferme Batisse. Vaches et génisses passent la majorité de leur temps dehors, dans des prés bordés de haies qui permettent de s’abriter si le vent ou la pluie se fait trop violent.

L’hiver, à l’abri dans les stabulations, elles sont libres de manger et dormir selon leur bon vouloir et pendant toute l’année elles peuvent s’auto-masser sur de grosses brosses tournantes mises à leur disposition. Plantes médicinales et huiles essentielles sont très largement utilisées en préventif comme en curatif. Des conditions idéales qui ont fait baisser de façon spectaculaire les frais vétérinaires qui aujourd’hui dépassent rarement les 2 000 euros annuels. Le troupeau devrait d’ailleurs évoluer ces prochaines années avec l’arrivée de vaches de race Jersiaise.

Il y a deux ans, Loïc et Lionel avaient fais un premier point sur l’évolution du Gaec des Mas et évoquaient l’avenir en insistant sur un point: « Aujourd’hui il nous manque juste la transformation pour tout contrôler de A à Z. C’est notre objectif à moyen terme ».

Au printemps 2018, l’objectif est atteint puis qu’après avoir adhéré au réseau « Invitation à la ferme, le réseau des fermiers Bio », un atelier de transformation vient d’ouvrir avec pour objectif de transformer 150 000 litres de lait par an, le reste partant à  Biolait. Le laboratoire de transformation high-tech, c’est Loïc qui le supervise avec Jennifer et Emilie après une formation sur le tas dans d’autres fermes membres du réseau « Invitation à la Ferme ». Dans les cuves de 500 et 300 litres, le lait entier non écrémé , non homogénéisé est pasteurisé avant de subir les différentes phases de transformation et de finir en yaourts nature, yaourts aux fruits , crèmes desserts ou encore riz au lait. Quinze milles pots par semaine qui sont distribués dans un rayon assez restreint selon la volonté même de Lionel, Loïc et Christiane. En plus de rester fidèle à sa philosophie, la Ferme Batisse participe au développement économique de son secteur puisque maintenant sept personnes travaillent sur l’exploitation. Et, à ce jour, ils ont déjà atteint le prévisionnel de 2019…

Aujourd’hui en Bio, le lait se négocie à 450/460 euros les 1 000 litres quand en conventionnel il plafonne à 310/320 euros et comme le dit Lionel : « Même si on fait 100 000 litres de lait en moins, on s’y retrouve ». 

Le réseau Invitation à la ferme, compte 30 fermes réparties sur toute la France et sur le Puy de Dôme, la ferme Batisse a l’exclusivité: « Personne ne peut entrer dans le réseau sans l’accord de tous les membres du réseau ».

Le but de notre réseau Bio est de mutualiser nos achats, nos compétences et notre savoir-faire pour proposer aux consommateurs des produits laitiers  BIO  LOCAUX FERMIERS et de QUALITE. 
Nous voulons pérenniser durablement les fermes.
Nous mutualisons notre marque « Invitation à la ferme » avec un repiquage sur chaque produit pour indiquer le nom et l’adresse de la ferme.

« Avoir le sentiment d’appartenir à une même et grande famille »

Quand l’Association Pour la Santé de la Terre et du Vivant s’est créée voici près de trois ans, Lionel et Loïc n’ont pas hésité une seconde et y ont tout de suite adhéré. Lionel : « L’association doit nous permettre de valoriser le travail que nous faisons, de le faire connaître. Ça doit nous permettre d’aller plus loin dans la démarche ».

Loïc : « C’est très important de faire connaître la ferme et d’échanger avec nos collègues ».

Lionel : « Regardez aujourd’hui. C’est un énorme plaisir d’accueillir l’assemblée générale de l’Association. C’est génial d’échanger, d’avoir le sentiment d’appartenir à une grande et même famille qui est en train de se mettre en place ».

Loïc : « Tous ces échanges nous confortent dans l’idée que nous avons regagné notre indépendance ».

Lionel, très ému : « Vous savez, quand nos enfants reviennent de l’école et nous disent qu’ils ont mangé nos yaourts à la cantine et que tout le monde les trouve bons, il ne peut pas y avoir plus grande fierté. C’est la reconnaissance de la qualité de notre production et en plus ce sont nos enfants et leurs copains qui en profitent en premier lieu. Ça nous donne tellement le sentiment de travailler pour l’avenir ».

Avant l’assemblée générale de l’Association Pour la Santé de la Terre et du Vivant, la famille Batisse a ouvert les portes de son exploitation le 10 juin dernier, pour célébrer « La fête du lait Bio» organisée en partenariat avec  Biolait. Plus de 500 personnes ont défilé sur le site en un après-midi pour un échange comme ils les aiment. Comme le constate Loïc, « le bouche à oreille, c’est notre force ». Et puis il y a encore eu cette émission sur France Bleu mais pas de quoi leur faire tourner la tête : « On n’est pas du genre à s’emballer. On sait très bien où on veut aller ».

Lors de cette visite, une phrase revenait sur toutes les bouches : « Ils ont tout compris ». C’est effectivement l’impression qui prédomine quand on voit comment tous les aspects de l’exploitation ont été pensés dans la même philosophie.

Lionel : « Tout cela nous semble tellement logique. Mais c’est vrai qu’à un moment il faut aller au bout des choses. Notre oncle Jean-Michel qui était associé avec notre mère, était très réticent au départ. Aujourd’hui il est à la retraite et il est très fier de ce que nous faisons ».

Lionel et Loïc pensent eux aussi que la mission de l’Association doit être de se bagarrer pour l’obtention d’un label de qualité : « Il faut aller vers quelque chose de très large mais aussi de très précis. Un vrai label de qualité, un Bio ++. Dans le coin, nous sommes une vitrine pour les technologies Marcel Mézy et  nous en sommes vraiment très fiers ».

Sortir des engrais chimiques, privilégier les circuits courts, donner la priorité au bien-être animal, avoir pour obsession l’autonomie que ce soit en fourrage, en énergie ou pour la fertilisation des sols, mutualiser les énergies et les moyens, Christiane, Lionel et Loïc ont en effet tout compris et l’Association pour la Santé de la terre et du Vivant ne pouvait rêver meilleurs ambassadeurs.

Patrick Le Roux

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