Stabilité structurale des sols, rétention en eau, stockage de nutriments, activation biologique… Les matières organiques, et tout particulièrement l’humus, sont un pilier majeur des systèmes de production durables. Le manque de matières organiques stables dans les sols, ou plutôt leur disparition progressive, est au cœur de la problématique économique et environnementale de l’agriculture, mais également l’un des principaux freins à la réussite des techniques de conservation des sols. Bien sûr, la simplification, en réduisant la fragmentation et l’oxygénation de la couche arable, est un moyen direct d’éviter une consommation excessive de matières organiques. Cependant réduire leur consommation n’est pas synonyme de croissance. De plus, même si la pratique des couverts végétaux en interculture ou encore la diversification des rotations permet d’augmenter et de diversifier la biomasse produite sur l’année, les taux de matières organiques progressent parfois trop peu ou trop lentement. En réponse à cette problématique, une technique canadienne, faisant appel aux ressources forestières et bocagères, pourrait apporter des solutions.

Le BRF, qu’est-ce que c’est ?

Ce sont des copeaux de bois raméal, c’est-à-dire des rameaux, jeunes branches vivantes d’un diamètre inférieur à 7cm, provenant de la taille des haies, arbres et arbustes.

On en recouvre la terre à cultiver, et c’est tout !

Se met alors en marche un processus d’accélération de la pédogenèse en oeuvre dans les forêts, c’est-à-dire l’ensemble des interactions physiques, biologiques et chimiques formant et transformant les sols.

Les jeunes branches contiennent des celluloses, hémicelluloses et lignines, de nombreuses protéines, tous les acides aminés, des sucres et amidons, polysaccharides, enzymes, hormones, polyphénols, huiles essentielles, terpènes, tanins…

Cette matière incroyablement vivante disposée sur le sol, va nourrir les micro-organismes et participer ainsi à leur développement.

C’est cette  » pédofaune  » qui fournira de l’azote, nutriment indispensable aux plantes, puisqu’il est le principal acteur de la synthèse chlorophyllienne.

Les basidiomycètes, principaux micro-organismes capables de digérer la lignine du bois, sont le point de départ de la chaîne conduisant à l’amélioration de la structure d’un sol.

Ces champignons indispensables aident les végétaux à absorber et assimiler l’eau et les nutriments en formation dans le sol.

Générateurs d’antibiotiques naturels, ils protègent par ailleurs les cultures des parasites et maladies.

Des rendements meilleurs, et une immunité renforcée

La couche de BRF permet de garder une température stable et moyenne, un pH neutre, et une humidité vitale constante.

L’humus ayant une capacité de rétention d’eau qui peut aller jusqu’à vingt fois son poids, l’humidification est optimale.

C’est lui qui prend en charge l’infiltration et la rétention de l’eau permettant pour les plantes une disponibilité ininterrompue en eau.

L’humus constitue une réserve importante de matière organique dans le sol, il est véritablement le garde-manger des végétaux.

Ainsi les plantes, parfaitement nourries et abreuvées, bénéficient d’une santé telle qu’elles résistent par elles-mêmes aux agressions et aléas climatiques.

Par exemple, les tomates cultivées avec l’aide du BRF acquièrent d’une immunité totale face à la fusariose.

En quantité comme en qualité, les rendements sont considérablement accrus.

Les études comparatives sont nombreuses, mais retenons par exemple une augmentation de 500% à 800% sur des tomates et courgettes à Madagascar, ou encore 200% à 300% sur la culture des fraises au Canada.

Les nombreux avantages coulent de source : économie d’eau, d’énergie, recyclage utile des déchets végétaux, revalorisation des haies…

https://www.youtube.com/watch?v=1eMNLGnJD1g

Présentation de Sylvain Houlier sur le BRF

https://www.youtube.com/watch?v=v4vZfhtWH38

Présentation par Lydia et Claude Bourguignon.

Comment fabriquer du BRF ?

– Tailler les arbres, arbustes, haies, en automne.

– Si vous avez un broyeur à végétaux, broyez-les grossièrement, pour obtenir des petits tronçons, et étendez-les le plus rapidement sur la terre.

– Il est possible de le mélanger légèrement à la terre de surface, mais surtout sans l’enfouir.

– Les rameaux doivent être étalés en automne, lorsque la terre est encore chaude, en évitant soigneusement le printemps, où le froid dans le sol y serait emprisonné et tuerait les plantes.

– Si vous n’avez pas de broyeur, vous pouvez utiliser un sécateur ou une machette, pour les sectionner en tronçons de 3 à 10 centimètres.

– De plus en plus de municipalités donnent gracieusement des sacs de broyat. N’hésitez pas à demander à la vôtre.

– Enfin les paysagistes et élagueurs sont le plus souvent très intéressés lorsqu’on leur demande de déposer  chez soi leurs branchages, puisqu’ils doivent payer pour les apporter à la déchetterie !

Parmi les intérêts infinis que vous tirerez de cette technique très simple, comptons « l’effet paillage » qui supprimera tout besoin en désherbage.

Les apports de biocides, pesticides et engrais dégradant et tuant l’humus, deviennent inutiles puisque tout ce dont vos plantes ont besoin est naturellement présent dans le sol.

Le labour, quant à lui, dilue trop rapidement l’humus en l’enfouissant, causant une minéralisation trop rapide de la matière organique. Aussi, il est à proscrire au profit de l’activité de la faune fouisseuse (vers de terre, termites, fourmis), qui a le mérite d’empêcher le lessivage et l’appauvrissement des sols, en mettant l’humus en contact avec la matière minérale de façon douce et régulière.

Cette action est renforcée par celle d’une communauté d’organismes constituée de champignons, bactéries et invertébrés, digérant et déplaçant l’humus.

Le BRF est un moyen efficace et économique pour le rendement et l’auto-fertilité de votre jardin bio.

Attention !
– Attention, une carence temporaire en azote appelée « faim d’azote » apparaît la première année, en raison de l’utilisation par les micro-organismes de l’azote initialement présent dans la terre, avant que ceux-ci puissent en apporter. Pour prévenir cette pénurie, il est conseillé de faire une culture de légumineuses une saison avant l’incorporation du BRF : pois, lupins, haricots sont en effet porteurs d’une bactérie transformant l’azote atmosphérique en azote minéral.
– Lorsque vous préparez le BRF, faites attention aux proportions dans le mélange de rameaux : pas plus de 20% de résineux : acidifiant le sol. Pas trop de chêne : très tannique. Pas trop de noyer : se dégradant mal.

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