Cette biotechnologie est très souvent proposée par des start-ups soutenues par quelques financiers et grands groupes industriels (Griffith Foods, Nutreco, Thai Union, Cargill, Tyson, Nestlé, Mitsubishi, PHW-Gruppe…) (Laisney, 2021) qui surfent sur l’émotion des consommateurs sensibilisés par l’élevage intensif où existent des fermes de plusieurs milliers de vaches en Amérique du Nord et du Sud (Feedlot ou « parcs d’engraissements ») (Guan et al., 2021) et sur des reportages vidéo chocs, tournés dans certains abattoirs.
En Europe, et plus particulièrement en France, les exploitations agricoles ont conservé une dimension familiale avec une taille moyenne de 69 hectares (Agreste, la statistique agricole, 2022). La France conserve des élevages très extensifs avec des ovins et bovins qui aident à préserver les paysages français comme par exemple celui du Massif Central qui est considéré comme la plus grande prairie d’Europe et dont le paysage est inscrit au Patrimoine Mondial de l’UNESCO. Les arguments les plus souvent avancés par les promoteurs de la « viande cellulaire » concernent : la nécessité de nourrir la population mondiale en augmentation, la réduction des émissions de gaz à effet de serre (GES) provenant des herbivores (bovins, ovins, camélidés…) producteurs de méthane, la suppression des souffrances animales et de l’abattage industriel…Mais ces arguments sont-ils réellement pertinents au regard de la production de viande française et européenne ?
Quelles seront les origines des intrants des composés de ces produits cultivés en laboratoire ? S’il semble aujourd’hui possible d’assembler les éléments constitutifs de la viande tels que le carbone, l’hydrogène, l’azote, l’oxygène ou encore les acides aminés à l’origine des protéines, qu’en est-il des interactions complexes entre ces éléments qui font la singularité et la richesse des produits alimentaires ? Quels seront les effluents de ces bioréacteurs industriels dont il faudra assurer le traitement avant de les rejeter dans l’environnement ? Seront-ils valorisables ?… Beaucoup d’incertitudes dominent actuellement les débats sans qu’aucune réponse satisfaisante ne soit apportée. Toutes ces questions ont été débattues lors d’un récent colloque organisé par quatre sociétés savantes en présence de deux entreprises du secteur de la « viande cultivée » mais aucune réponse n’a été apportée à ce stade.
Actuellement, l’Union Européenne est dans l’expectative face à ces cultures cellulaires nécessitant l’usage d’hormones et d’antibiotiques compte tenu du développement de bactéries indésirables sur les milieux de culture, mais elle n’a pas formellement désapprouvé l’utilisation du terme de « viande ».