Dans l’éventualité où ce type d’aliment viendrait à être proposé sur le marché européen et français, nous pensons qu’il ne justifierait pas le vocable « viande ». Le consommateur serait alors abusé car l’origine serait un ersatz de laboratoire dont la production (élevage des animaux et maturation du muscle après l’abattage selon le schéma classique vs culture de cellules musculaires) et la composition (en protéines, oligo-éléments, vitamines, etc) n’auraient plus rien à voir avec celle de la viande issue de l’animal nourri à l’herbe ou d’autres aliments naturels.
Ces start-up de la « viande artificielle » affirment ne pas vouloir remplacer la viande mais réaliser une nouvelle offre. Alors pourquoi vouloir appeler ces cultures de cellules : « viande », si leur intérêt est de proposer un nouveau produit autre que la vraie viande ?
De plus, à l’issue d’une enquête internationale menée par des chercheurs de l’INRAE, de Bordeaux Sciences Agro et de l’ISARA (Hocquette et al., 2022 ; Liu et al., 2021 ; Chriki et al., 2021), la « viande de culture » est un sujet clivant et qui ne fait pas consensus avec une proportion élevée de consommateurs français non convaincus. De plus, 59 % des personnes interrogées répondent NON à la dénomination « viande » pour « viande de synthèse ».
Enfin, nous nous référons à la France des années 60-70, pionnière dans le domaine des protéines de synthèse, à partir de la fermentation du gazole. Les journalistes de l’époque appelaient vulgairement ce produit « steak de pétrole ». L’inventeur du procédé chez British Petroleum préférait « protéines d’origine cellulaire ».
Ainsi, le vocable « protéines de biosynthèse » semble plus approprié, celui-ci ayant d’ailleurs été avancé par l’Académie de Médecine dès 1963 pour cette invention (Hencké Stéphanie, 2000).